pour la partie "population féminine" de la communauté/(du nanocosme) rôliste,
je repost mon laïus du fofo FFJDR :
Captain caverne a écrit:
On est 11 dans notre asso et y'a trois filles^^ C'est pas beaucoup mais c'est déjà mieux que rien. Et puis si sa les intéresse pas tant pis.
- Si, comme tu le dis, ".. quelques filles.. c'est mieux que rien.. tant pis..", ne serait-ce pas que l'on passe à côté de quelque chose ?
- Sur ma campagne, il y a 3 femmes et 6 hommes. Et bien je pense que ce serait encore plus sympa si il y avait la parité.
.Et comme ce sont d'excellentes joueuses, si les proportions étaient inversées à ce niveau, cela ne serait pas du tout déplaisant !
- Ne serait-il pas intéressant de faire des démarches pour adapter les initiations et les façons de jouer, afin de les rendre plus abordables par un public féminin ?
.Il me semble que cet article des années 80
*, bien que tronqué et donc un peu caricatural, contienne encore de pertinentes réalités :
une fraction importante des nombreux rôlistes que j'ai pu rencontrer ces 25 dernières années, me parait quand même toujours un peu plus maladroite avec la gente féminine qu'à son tour (que la moyenne).
- Or ce loisir, ce n'est pas du rugby ou de la chasse, il y a des façons de le pratiquer qui se rapprochent d'activités "sociables", "artistiques" (théâtre, littérature, culture, histoire..), bref
potentiellement, c'est un loisir facilement accessible à tous :
disposant de nombreuses thématiques - et donc de passerelles aptes à séduire un large public, féminin comme masculin.
- On peut mentionner le GN, qui remporte un franc succès auprès de ces dames, avec des petits plus qui tuent du type : "je passe du temps à créer cette Robe, qui sera du meilleur effet pour jouer cette Duchesse au Château-la-Mire..", ainsi que d'autres pratiques: le "online", doté de moins de contraintes..
- Sans compter, certes, que les mentalités évoluent, et que s'amenuisent certaines barrières "socio-culturelles" entre les genres.
- Néanmoins, le milieu rôliste sous-exploite encore trop souvent et trop largement les possibilités de varier ses pratiques et ses attitudes, de faire évoluer ses démarches et ses comportements, afin de s'ouvrir à un plus large public féminin.
Faire l'impasse sur un tel vivier de pratiquantes me semble un gâchis sous-estimé par beaucoup
*Article cité par Mespheber sur le fofo de la FFJDR :
- extrait d'article de Sylvie Barc Rodriguez paru en
1986 dans Chroniques d'Outre Monde n°1:
“JOUEUSES DE RÔLE” ?…Il ne faut pas avoir longtemps traîné ses dés dans le “milieu” du de rôle pour arriver à la triste conclusion que peu de demoiselles le pratiquent ! Et c’est bien dommage…
Dommage pour celles qui ne jouent pas : elles passent en effet à côté d’une distraction passionnante, vivante, renouvelée à l’infini…
Dommage pour celles qui jouent et qui doivent s’incorporer à des tables de joueurs machos le plus souvent, surpris et déroutés…
Dommage pour ceux qui jouent qui doivent souvent choisir entre une partie de jeu de rôle et une sortie avec leurs copines…
Dommage enfin pour les personnages féminins de ces aventures étranges, joués la plupart du temps à travers un miroir masculin qui en fait soit d’éternelles houris, soit de massives guerrières… bref qui donnent une vision de la femme péjorative, caricaturale, comique. (On ne peut pas dire que la délicatesse soit la principale caractéristique du joueur moyen !) Mesdemoiselles, si vous voyiez ce qu’ils font de nous !… Mieux vaut en rire !
Pourtant, le jeu en général, et le jeu de rôle en particulier se prête largement aux rencontres, échanges et discussions. C’est une passion qui se partage, sans barrière d’âge, de cultures, d’opinion politiques, de religions…
Alors pourquoi cette barrière du sexe ?De nombreux éléments intéressants pourraient sans doute être déduits d’une étude sur l’évolution du jeu à-travers les âges. En effet, jeux cruels des romains (excepté les vierges sacrifiées !), jeux de réflexion en général (entendez-vous souvent parler de championnes d’échecs ?), jeux de cartes de l’Ouest américain (à part les entraîneuses…), les jeux ont toujours été l’apanage des hommes. Que cela vienne seulement d’une volonté masculine, d’une présomption de supériorité (savez-vous que l’Awélé possède des règles pour les hommes d’une part, pour les femmes et les enfants d’autre part ?) ou également d’un rejet de la part des femmes qui les considèrent comme une perte de temps, une activité infantile, je ne saurais trancher n’étant pas “psychologue hautement qualifiée en la matière”.
Je ne peux tirer des conclusions que dans le domaine que je connais, les jeux de rôles, qui nous intéressent tous et pour lesquels le manque de joueuses se fait cruellement sentir.
Bien sûr, l’origine du jeu de rôle a entraîné cet état de fait. En effet, la lente évolution de certains wargames avec figurines en jeu de rôle à part entière, en Donjons et Dragons devrais-je dire, n’a d’abord fait d’adeptes que parmi les wargamers assidus, évidemment tous de sexe masculin (soit dit en passant, si peu de demoiselles jouent actuellement aux jeux de rôles, celles qui pratiquent les wargames sont quasiment mythiques !)
Peut-être la notion de “clubs” très fermés, où l’on se retrouve “entre hommes”, a-t-elle inconsciemment poussé ces joueurs peu nombreux, qui devaient donc nécessairement se regrouper, à perpétuer la misogynie de ces cercles masculins !
Donjons et Dragons s’est développé mais l’habitude était prise : seule une majorité des garçons passait de longues nuits à “casser” du monstre et à accumuler GP et XP… Mais non, je ne fais pas d’anti-donjonisme primaire ! Je caricature seulement une façon de jouer encore trop courante et totalement déplorable… (Un jeu de rôle, c’est d’abord interpréter un personnage ; mais ceci pourrait faire l’objet d’un article entier…). Cette approche du jeu de rôle reste très rébarbative pour des demoiselles (comme elle devrait l’être également pour des joueurs avisés et réfléchis !)
Il ne faut pas non plus oublier que toute personne de sexe féminin qui désire s’initier aux mystères du jeu de rôle doit prendre sur elle de se rendre dans un club où elle devra affronter les regards surpris, moqueurs, et… souvent voyeurs d’une bonne vingtaine de jeunes gens en manque… Imaginez-vous, Messieurs, devoir subir une telle situation :
Vous voulez découvrir le jeu de rôles.
Vous avez entendu parler d’un club et, lorsque vous poussez la porte, anxieux de ce qui va se passer dans cette antre magique, 20 paires d’yeux féminins se tournent vers vous pour vous dévisager, vous évaluer, vous juger… Vous vous retrouvez entouré, sollicité de toutes parts par ces demoiselles sûres d’elles dans leur domaine privilégié.
Que faites-vous ?
- Vous faites un demi-tour et rentrez chez vous, soulagé d’avoir échappé à ces harpies.
- Vous restez tremblant dans un coin, attendant que la curiosité se lasse pour pouvoir, timidement, vous installer autour d’une table.
- Vous prenez sur vous et décidez de les étonner, quitte à faire de la provocation évidente.
Vous comprenez mieux le problème maintenant ? Si vous voulez jouer avec des personnes du sexe opposé, faites des efforts nom de dieu !
Bon, lorsque le premier pas est fait, que la demoiselle se trouve attablée devant sa feuille de personnage, elle doit subir des scénarios riches en combat sans fin et toujours renouvelés, subir également certaines réflexions sur sa façon de jouer qui peuvent différer des a priori masculins. À ce propos, j’ai en mémoire un MJ particulièrement macho qui critiquait ma façon de jouer un personnage féminin à l’Appel de Cthulhu affirmant que je ne jouais pas mon rôle parce que ma charmante jeune parapsychologue refusait ses faveurs à un gros bonhomme qui pouvait rendre service au groupe. Épargnez-nous ce genre de situations qui ne peuvent que rendre ridicule celui qui les crée…
La leçon de morale est terminée, faites-en ce que vous voudrez…
Il faut reconnaître que parfois les difficultés de communication et les préoccupations des adolescents et adolescentes représentent une barrière psychologique difficile à dépasser. Chacun doit faire un effort !…
Pour être parfaitement objective, j’ai cependant l’impression que la proportion de joueuses augmente légèrement.
Comment viennent-elles aux jeux de rôles ?D’une part “parce que mon copain, mon frère, joue ; par curiosité, pour ne pas rester seule”. Donc elles jouent souvent la première fois par relation, rarement par découverte personnelle. Mais, comme les joueurs, celles qui font l’effort d’essayer y prennent goût très vite et recommencent ensuite par plaisir et volonté propre.
D’autre part, l’évolution du jeu de rôle à-travers une diversification de ces thèmes favorise également la participation féminine. En effet, nombreuses sont les joueuses qui, réticentes à Donjons, apprécient l’Appel de Cthulhu et, en général, tous les jeux de rôles qui permettent des scénarios plus psychologiques et moins bêtement “baston”. Cela ne signifie pas que les filles n’apprécient pas les combats mais simplement qu’elles ne les livrent que lorsqu’ils se révèlent réellement utiles (sauf celles qui mettent un point d’honneur à jouer encore plus mal que leurs modèles masculins !)…
Toutes les demoiselles que je connais aiment les jeux de rôles et toutes celles que vous connaissez peuvent aussi les aimer. Tout dépend de la façon de leur présenter et des scénarios proposés…
Je crois cependant que la moyenne d’âge des joueuses est légèrement supérieure à celle des joueurs. En effet, la peur de ne pas “assurer”, d’être ridicules face aux garçons auxquels elles veulent plaire, liée à des problèmes d’ordre plus pratique (moins de liberté par exemple pour jouer des nuits entières) ne favorisent pas la participation d’adolescentes à des parties de jeux de rôles. Les joueuses plus mûres ont dépassé ces types de blocages et peuvent profiter pleinement des plaisirs du role-playing.
Malheureusement, trop peu d’entre elles assurent le rôle délicat de Maître de Jeu et celles qui créent des scénarios font figure d’exception. Messieurs, vous n’êtes, pour une fois, pas responsables de cette situation : pour vous, qu’importe le sexe du MJ ou de l’auteur du scénario pourvu que vous ayez l’ivresse d’une aventure palpitante. Alors, mesdemoiselles, un petit effort que diable ! Votre imagination déborde sûrement d’idées absolument géniales. Mettez-les en pratique et étonnez vos amis, montrez-leur votre image du jeu de rôle, aidez à diversifier les trames des scénarios par une approche psychologique différente. Et puis, pas toujours aux mêmes de faire des efforts…
En tant que joueuses, vous apportez souvent aux jeux de rôle une richesse notable en favorisant “le rôle” sans négliger “le jeu”. Vos trésors de charme et de diplomatie laissent souvent pantois barbares sanguinaires et magiciens cruels. Vous apportez la preuve que mieux vaut réfléchir avant de cogner, ne serait-ce que le temps d’évaluer correctement l’adversaire. Et puis, au cours d’une partie, il suffit d’un ou deux joueurs interprétant à fond leur personnage pour que tous le suivent sur le terrain délicat mais si riche de sentiments exprimés. Vous aidez à démultiplier l’intérêt de l’histoire qui se découvre alors des trésors cachés. Les PNJ se mettent à parler, quelque fois aussi intelligemment que les personnages (si, si !). les relations se résolvent alors par des combats verbaux et non plus seulement par des lancers de dés, le monde se met à exister… Alors, les filles, puisque vous êtes de bonnes joueuses, n’hésitez pas à devenir de bonnes maîtresses de jeu pour le plus grand plaisir de tous.
Quant à vous Messieurs, je vous vois déjà venir. Vous pensez que j’exagère en affirmant que ces demoiselles jouent, en règle générale mieux que vous. D’abord, prouvez-moi le contraire ! Et puis consultez les résultats des tournois individuels. Vous constaterez évidemment que peu de filles y participent mais vous ne pourrez nier qu’elles sont toujours mieux classées !
Un exemple ? Le premier tournoi de l’Appel de Cthulhu, au CNIT en 1985 : 65 inscrits dont 5 filles. Elles sont arrivées 2e, 5e, 7e, 11e et 14e… Mais bien sûr, aucune Gardienne des Arcanes (heureusement pour les Gardiens des Arcanes qui auraient alors dû affronter une sévère concurrence !)…
Le jeu de rôle mettant en scène personnages masculins et féminins ne peut qu’être enrichi par la participation de joueurs des deux sexes. Et pour les joueurs masculins, je ne m’étendrai pas sur certains des avantages d’une plus grande participation féminine. Le jeu simplifie considérablement les problèmes de relation…
Mais chacun doit y mettre du sien tout en gardant son individualité et sa personnalité. Il n’est pas question pour les joueuses de calquer leurs comportements sur ceux des joueurs afin de se faire mieux accepter pas plus que les joueurs ne doivent s’obliger à jouer différemment lorsque les demoiselles partagent leurs aventures. Pour l’équilibre et l’intérêt du jeu, il faut respecter les différences d’approches ludiques de ses partenaires, les cultiver, sans chercher à les influencer et sans les critiquer… (Ceci reste bien entendu valable pour des tables strictement masculines !)
Jouer aux jeux de rôles ne signifie pas se conformer à certains schémas mais au contraire s’amuser à les ignorer en se permettant tous les délires. Seuls les jeux de rôles nous offrent tant de possibilités, profitons-en !
A noter qu'un article analogue est paru dans le n°4 de Jeux de Rôle Mag